Publié par : theterraformer | juillet 29, 2009

26VILLA66VORTEX

LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE ET NOUS

Avouons que notre curiosité pour la littérature contemporaine se meurt de jour en jour. Que nous ne faisons bien souvent même plus l’effort de regarder les nouveautés exposées dans les têtes de gondoles des librairies. Ou alors juste un coup d’œil, comme ça, souvent teinté du plus grand mépris. Ou pour cultiver de manière masochiste son désespoir. Pour les plus radicaux d’entre nous, nos seules retraites dans les temples de la « consommation littéraire » se font le plus souvent chez les bouquinistes, derniers endroits où semble encore se cultiver un amour des anciennes formes d’expression disparues, de la langue vivante. Ces endroits où le temps a fait son œuvre, où les bons livres ont traversé le temps pour arriver jusqu’à nous.

Pourtant, cette attitude nous a induits plus d’une fois en erreur. Par dégoût de ces étalages de « livres », combien de romans importants nous sont déjà passés sous le nez ? Certes peu, mais toujours trop à la vue du nombre limité de romans cruciaux édités chaque année.

DANTEC VERSUS BOLAÑO

DANTEC VERSUS BOLAÑO

2666 de Roberto Bolaño fait partie de ceux-là. Je pousserais même le vice en allant jusqu’à dire qu’il fait partie des livres le plus important édité en ce début de XXIème siècle. De par sa taille, monstrueuse. De par son ambition, démesurée. Mais aussi de par la manière dont il est arrivé jusqu’à nous. Roman posthume (qui aurait probablement subit quelques retouches si Bolaño avait vécu quelques mois de plus, même si selon ses proches sont unanimes pour dire que les dernières retouches arrivaient à leur fin), œuvre d’une authentique singularité et écrite par un homme dont la vie tumultueuse explique à bien des égard la richesse de son langage, la profondeur de son regard, la maitrise de son verbe, 2666 fait partie de ces livres qui vous bouleversent à tant de niveau que l’on se demande en le refermant ce que l’on va bien pouvoir en dire d’intelligible. Exercice impossible, si j’en juge la plupart des critiques que j’ai pu lire à droite à gauche, qui revendiquent leur incapacité à embraser l’intégralité du territoire que Bolaño a circonscrit dans ce livre. Je ne m’y risquerais donc pas, et contenterait juste de mettre le doigt sur quelques modestes idées.

VORTEX 2666

A ce point de cet article, vous êtes en train de vous demander ce que Bolaño fait chez les Babylon Babies. L’idée de cet article m’est venu lorsque j’ai dis il y a quelques mois à un ami, presque sans y réfléchir : « Je viens tout juste de lire le Villa Vortex latino-américain« . Quelques minutes après avoir prononcé ces mots, je me suis demandé ce qui m’avait fait penser ça. Quelles relations entretenaient vraiment ces deux romans. Des liens bien évidemment superficiels, des recoupements peut-être faciles à faire entre deux fictions vaguement cousines. Pourtant, au fil des jours j’ai fini par me convaincre que poser cette intuition sur papier n’était peut-être pas une si mauvaise idée.

En écrivant ces quelques lignes, il ne s’agit pas pour moi de faire rentrer 2666 dans Villa Vortex ou de faire rentrer Villa Vortex dans 2666, ces deux livres sont au delà de toute unité de mesure et ne rentrent évidemment dans rien (sinon dans nos cerveaux, avec la ferme intention d’y produire une réaction virale). Non, il s’agit plus justement pour moi de tracer quelques liens, de trouver les petits lopins de terres littéraires que les deux livres traversent à plusieurs reprises.

ROBERTO BOLAÑO (1953 - 2003)

ROBERTO BOLAÑO (1953 - 2003)

Première intuition : tout au long de la lecture de 2666, j’ai ressenti une authentique exaltation de lecteur à laquelle je n’avais pas été confronté depuis ma première lecture de Villa Vortex. Une vraie leçon d’humilité. Celle du genre qu’on ressent face à une œuvre prodigieuse dont on sait d’office qu’elle traversera sans peine les décennies. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça compte beaucoup.  Et heureusement, quand les grands esprits de la littérature se croisent dans votre bibliothèque sans s’être donnés rendez-vous, c’est rarement pour évoquer des histoires de coucheries ou de crises de la quarantaine en huis clos.

> La littérature et l’idée du Mal.
Voici les deux principaux sujets que les deux romans partagent. Vous me direz : c’est une idée banale. Certes (quoique, on cherche encore quel « jeune auteur » nous à récemment offert un livre sur le sujet, même mauvais), mais si on part du principe que nos deux auteurs ne se contentent pas d’aborder les deux sujets, mais utilisent l’un pour parler de l’autre, la démarche prends d’un coup des airs plus nobles et plus rares.

A mes yeux, 2666 a des airs de « Villa Vortex du désert« , tout en étant bien évidemment totalement autre chose. Là où le roman de Dantec prenait place dans le Paris reboot, dé-construit, ré-agencé, javellisé de ses racines, qui se déshumanise dans son époque totalement vouée au progrès, 2666 part de l’Europe pour arriver très vite au Mexique, où les deux tiers du roman se déroulent. Deux territoires, deux visages du Mal. Un Mal au visage « techniciste » chez Dantec, un Mal plus ordinaire chez Bolaño, mais pas moins monstrueux : un tueur en série, ou bien un groupe de tueurs en série, qui agissent soit par goût du Mal, soit parce que leur pouvoir leur octroie le droit de vie ou de mort sur les plus faibles sans être outre mesure dérangé (vous révéler les quelques pistes policières du livre serait vous en dire encore trop).

Pour tenter de cerner cette force qui agit quasi machinalement, à un régularité effrayante, Bolaño construit son histoire autour de personnages tous unis par un intérêt ou un amour pour la littérature : professeurs d’université, écrivains, lecteurs obsédés par l’image et l’œuvre d’un romancier et d’un poète, enfants ou femmes de professeurs bercés malgré eux dans la littérature. Chez Bolaño, pas de monde sans littérature. Elle est la colle qui tient l’univers en place. 2666 et Villa Vortex sont non seulement des « Romans-Mondes », comme l’évoque cette formule rebattue, mais aussi une « mise en fiction du Monde », le seul moyen de rendre intelligible cette nouvelle société qui commence déjà à se configurer (Villa Vortex), ou la seule manière d’évoquer « le secret qui est au centre de l’univers » (2666, dixit Bolaño). La littérature, qu’elle soit admirée ou moquée (voir les nombreuses pages où Bolaño critique ce monde où les pharmaciens préfèrent lire les romans secondaires des grands écrivains plutôt que leurs chef-d’œuvres) n’en reste pas moins la seule manière de déchiffrer l’univers, et le but à atteindre. La littérature, chez Bolaño comme chez Dantec, n’est jamais un moyen, elle est la condition sine qua non, le seul véhicule existant capable de dévisager, ne serait-ce qu’un instant, ce Mal qui change sans arrêt de visage.

MAURICE G. DANTEC

MAURICE G. DANTEC

> La figure du Vortex
2666 comme Villa Vortex sont deux romans dont l’histoire tourne toute entière autour d’un centre de gravité. La fameuse Villa, dans le roman de Dantec, où le tueur en série pratique ses expériences censées transformer de jeunes femmes en automates, centre névralgique où la Technique est devenu Monde, idéologie totalitaire, maléfique et imperceptible, où l’Homme tel qu’il avait existé jusque là disparait dans la plus grande indifférence.
Si le tueur de Dantec ne s’inspire en aucun cas d’un élément réel, les meurtres de Bolaño, eux, trouvent leur source dans une histoire et un lieu qui existent dans le réel, une histoire et un lieu connus de tous : Ciudad Juarez (renommée ici Santa Theresa) et l’affaire des ses disparues (ces centaines d’ouvrières des « maquiladoras« , usines bâties à la frontière Mexique/États-Unis produisant des marchandises exonérées des droits de douane, assassinées et retrouvées mortes dans le désert du Sonora).

Pour Bolaño, ces assassinats perpétués dans ce lieu « cachent en eux le secret du monde ». Pour Dantec, la Villa du tueur est le lieu où s’actualisent tous les nouveaux nihilismes, le trou noir Techniciste qui avale le monde tel que nous l’avons connu. Deux lieux, ou plutôt deux anti-lieux que nous devront traverser pour tenter de comprendre le monde tel qu’il nous attend (le futur immédiat de Villa Vortex, ou l’année 2666, chiffre prophétique qui n’a pourtant dans le roman rien à nous dévoiler).

> Fantômes et doubles littéraires
Un fantôme traverse 2666 : celui d’un écrivain. Le mystérieux Benno Von Archimboldi. De l’Europe, où réside ce groupe de professeurs d’université étudiant de manière mono maniaque l’œuvre de cette figure fuyante (qui ne semble exister qu’à travers ses livres) en passant par le Mexique (que Bolaño connait bien, il y a vécu une bonne partie de sa vie, avant et après la dictature Chilienne), la littérature d’Archimboldi est au centre des événements. Point culminant, le roman s’offre même le luxe de se clore sur un chapitre raconté du point de vue de Archimboldi lui-même. Enfin, le fantôme s’incarne. Et il ne faut pas être Einstein pour comprendre qu’Archimboldi est en grande partie Bolaño, qui partage avec lui une vie d’errant, qui pourrait être qualifiée de « mystérieuse » (il a vécu dans de nombreux pays, survivant de petits boulots en même temps qu’il bâtissait son œuvre), en retrait du monde, et a connu une reconnaissance très tardive. Ce qui est vrai pour Archimboldi est aussi vrai pour le personnage d’Amalfintano, ce professeur Chilien exilé ayant attéri à Santa Theresa suite aux coups durs du destin (les éléments biographiques que Bolaño et Amalfitano partagent sont nombreux, les origines chiliennes, un père boxeur, etc.).

Si Archimboldi est d’un certain point de vue le double de Bolaño, Dantec a lui aussi régulièrement recours dans ses livres à la présence de « doubles littéraires« . Sauf que chez Dantec, leur existence est assumée comme tel, grâce à des indices qui relèvent du jeu linguistique (Dantec / Dantzig dans Babylon Babies, Dantec / Nitzos, l’auteur du « manuscrit trouvé à Sarajevo » dans Villa Vortex, dont on sait maintenant qu’il s’inspirait aussi des écrits du regrété Paul Marchand).
Ce « recours au double littéraire« , bien qu’existant depuis la nuit des temps, révèle pourtant dans le cas de Bolaño et de Dantec une position bien précise. Cette idée (ouvertement et très régulièrement revendiquée par Dantec en interview) que ce n’est pas « eux » qui écrivent à 100% leurs romans. Grâce à ce stratagème, il peuvent ainsi reprendre possession de leurs romans en y injectant leur double de fiction, y multipliant ainsi leur propre présence dans leurs fictions. D’abord en tant qu’écrivains, ensuite en tant que doubles fictionnels. Une sorte de « sur-présence » de l’auteur qui leur permet paradoxalement de mieux s’effacer derrière l’œuvre, et ce sans jamais tomber dans les misères de l’autofiction.

2666 DE ROBERTO BOLAÑO (ED. CHRISTIAN BOURGOIS)

2666 DE ROBERTO BOLAÑO (ED. CHRISTIAN BOURGOIS)

> 2/6/0/6/0/6/3
Si le roman de Bolaño nous est arrivé en France seulement en 2008, il faut savoir qu’il a été terminé quelques semaines avant la mort de son auteur, c’est à dire en 2003, année où Maurice Dantec termina et livra le manuscrit de Villa Vortex. Puisque la date de 2666 nous parait aussi importante qu’impénétrable dans le roman de Bolaño, amusons-nous à penser qu’au-delà des territoires communs et de l’ambition que partagent ces deux livres, l’année 2003 possède elle aussi ses propres mystères d’un point de vue littéraire. Pur hasard ? Concordance des temps ? Rencontre des grands esprits ? Fruit de leur époque ?
¿Quien sabe?

POUR FINIR

2666 est un livre en 5 parties. Bolaño avait d’ailleurs demandé à son éditeur dans son testament que le livre soit publié en 5 volumes, à la régularité de un par an, si mes souvenirs sont bons. Non seulement pour des raisons littéraires (les cinq parties peuvent presque se lire séparément, même si un lien invisible les unit, démarche qui n’est pas sans rappeler celle de Dantec écrivant Artefact), mais aussi pour des raisons financières (Bolaño désirait laisser ses héritiers – sa femme et ses deux enfants –  au maximum à l’abri du besoin). Ce que l’éditeur, sur le conseil de consultants (des amis proches de Bolaño), s’empressa de ne pas faire.

Le livre nous parvient aujourd’hui sous un seul gros volume de 1000 pages chez Christian Bourgois, dans une édition magnifique. Cinq chapitres, cinq points de vue. Une richesse narrative et une imagination inouïe dans chaque page. Un pavé à faire frémir n’importe quel pigiste littéraire incapable de consacrer plus de quelques heures au dossier de pr… euh, au roman qu’ils ont entre les mains.

2666, comme la plupart des romans de Dantec, n’a pas été spécialement mal reçu, il a surtout été très peu et bien « reçu », si peu sérieusement lu, si on en juge le nombre de critiques sérieuses écrites dans la presse à son propos. Bolaño n’est à ce titre jamais très dupe de cette situation puisqu’il parle à plusieurs reprises d’Archimboldi comme étant l’un des auteurs autant parfaitement Nobelisable que le plus « non  lu » de la littérature contemporaine.

La bonne nouvelle en refermant ces deux livres, c’est de savoir qu’aujourd’hui, malgré l’absence d’une vraie critique littéraire, l’authentique littérature ne cesse pas moins de continuer à exister. Et qu’après tout, peu importe, Dantec et Bolaño écrivent-ils vraiment pour leurs contemporains ?

Publié par : Jean-Baptiste | juin 8, 2009

Dantec World Platform

GetAttachment2Nouvelle interface en ligne, plateforme multimédia interactive, contenu actualisé, le site officiel de Maurice G. Dantec a été updaté cette nuit à minuit, connectez-vous dès à présent sur :

http://www.mauricedantec.com/

Publié par : thebabylonbabies | Mai 8, 2009

PRIÈRE POUR LES HOMMES SANS NOM

PRIÈRE POUR LES HOMMES SANS NOM.
Prière de Maurice Dantec.

Il faudrait sans doute que je prie pour ton âme
Visage du futur
Soit l’image d’une bouche écrasée par une botte
Je devrais me tourner vers les cieux en flammes
Et les tas d’ordures
Où survivent les enfants fabriqués de bric et de broc
J’écoute ta voix, gazé des camps
J’entends ta chair consumée au pétrole
J’entends l’enfant dans les nuées du zyklon-B
J’entends le son des os en carbone
Je vois tes yeux sous la montagne de feu
Ils se consument dans la lumière
Neutrons-noyaux / noyaux-neutrons
Ta vie n’est plus que particules élémentaires
Par ma bouche forée au laser
Je vais pour une minute le temps de détruire un monde
Laisser votre souffle guider ma prière
Comme s’il s’agissait de ma toute dernière seconde :
La voix de ma fille résonne dans la nuit jouvencelle
et par sa bouche c’est la Vôtre que j’entends
cristal acoustique transvaluant la lumière du réel,
buisson ardent qui se manifeste À l’instant
comme la musique d’un amour aux extrêmes étincelles,
Le Fils de l’Homme sous l’orage des injures
écartelé par le poids d’une croix de supplice
les pieds meurtris de pierres montait comme le calice
d’une vérité aux hommes impure,
l’impact lourd du fer, au bois clouant les os et écrasant la chair
ruina l’Homme pour des siècles
mais fit de Votre voix l’esprit des fous
et des poètes, des poètes et des fous
qui ne sont qu’autres noms pour les prophètes
en des temps plus doux;
l’image du Dieu vivant avili par les hommes
croix dressée invisible dans la nef déserte
semble le seul rayon possible à notre horizon mort
quand l’homme à Votre Image s’incarcère de spectacles et de fêtes,
Et c’est à l’envol blanc de la Colombe
qui s’échappe de Son corps endolori
Que j’aperçois une fenêtre neuve et claire sur le monde
La transfiguration de toutes les morts par une vie.
Alors s’élèvent les voix des enfants écrasés
Enterrés vivants
Recouverts de toutes les cendres de tous les brasiers
De tous les bombardements
J’entends vos chants dans la chambre ardente
Parole revenue du Néant
Armée de l’Épée de flammes tournoyante
Au Jardin d’Eden veillant
À genoux l’Homme se redresse enfin
Debout il se fait libre
Libre il lèvera la tête vers ce qui n’a pas de fin
Vers ce qui le fait vivre.
Amen –

Montréal, le 29 août 2000 – 21 avril 2009

Publié par : Jean-Baptiste | mars 23, 2009

Depuis les limbes de la littérature.

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Il fut donc un temps où il était toujours concevable de croire à la possibilité d’une résurgence, à cette possibilité que, du néant que recouvre le spectacle de la fin de ce monde, se lève une alliance de lecteurs, c’est-à-dire de soldats, susceptibles de porter en eux l’incarnation d’une parole libre, soit la possibilité que la littérature ne fut pas vaine, qu’elle parvienne, dès aujourd’hui, à transporter un petit groupe d’hommes de l’autre coté de la membrane flasque dans laquelle l’humanité se prépare avec assiduité à contempler le visage de son agonie festive. Cette possibilité, un certain nombre de personnes a voulu y croire, cependant, elle ne sera pas de notre temps, elle appartient au futur, définitivement.

Manifestement, Maurice G. Dantec n’écrit pas, n’a jamais écrit, pour ceux qui se déclarent du nombre de ses lecteurs, qui se voudraient témoins de son aspiration, il est clair que l’œuvre de Maurice G. Dantec s’adresse plutôt aux pionniers solitaires qui, d’un monde à venir, du monde qui naitra de ses propres cendres, sauront tirer la substance d’une structure de rédemption transvaluative, pour tous les meurtres de l’humanité, en priorité celui de Dieu. Cette planète morte, la fosse à purin pleine de cadavres hurlant leur amour de la servitude, leur haine de la Vérité, ces étendues dévastées qui serviront de terrain de jeu aux enfants du futur pour qui la destinée première des hommes, la conquête des étoiles, depuis cette Terre, pour leur race, assassinée par la folie avorteuse de leurs parents, survivante de Ground Zero et de tous les Ground Zero à venir, devant leurs yeux hallucinés, incontestablement, Proxima du Centaure sera tout juste l’ébauche d’une ridicule parcelle d’ambition. Les humains du siècle 21 avaient une guerre à mener, ils avaient un amour à conquérir, le regard que les enfants du futur daigneront leur offrir, en réponse à leurs supplications, sera d’une indifférence terrible.

Car la guerre qui hante ces jours que l’humain décompte sans trop y croire ne concerne pas seulement les territoires chaotiques où la balistique quantique s’attarde encore à décocher des têtes, la guerre impliquant tous les habitants de la Babylone globalisée, aveugles, androïdes, engagés mécaniques et inconscients, par delà les velléités de leurs volontés mortes, cette guerre totale qui est désormais mondiale, métaphysique, indivisible et, pourtant, individuelle, cette guerre, enfin, devrait inciter les singularités recluses à se désolidariser des idoles que la réalité des pantins du nihilisme pose comme ultime horizon, de cette horizontalité sans envergure, sans largeur, qui s’arrête au point zéro où l’inertie mène au suicide de masse, c’est une guerre qui se mène seul, elle devrait…. mais il n’en sera rien, l’épuration finale aura bien lieu, dans une atmosphère saturée de poussière de missiles. L’avant-dernière imposture, c’est de faire croire que l’avenir pardonnera à ses géniteurs, alors que l’avenir -et sa descendance- ne parleront plus le même langage qu’eux. Le pardon des enfants du futur sera comme un écho funeste à la justice divine.

Infertilité du mensonge, le complot omniprésent est invisible, la conspiration, silencieuse, les consciences tendues sous le ciel obscur de la fin de l’homme, dernières réjouissances… Désormais il faut avancer dans la lumière pour comprendre que l’homme qui sera digne de lire et de se laisser traverser par la portée de l’œuvre de Maurice G. Dantec, cet homme là n’est pas encore né, ou vient tout juste de naitre. Il se peut que cet homme soit une petite fille, dans les bras de sa mère, observant d’un œil impassible les roquettes lézardant le dôme d’oxygène et d’azote au dessus de l’impénétrable détachement de sa face innocente ; les boucles de ses cheveux frémissant au gré du souffle des déflagrations systématiques, elle ne songe pas au temps à venir, elle est ce temps, elle est l’avenir, l’enfant des bombes, il se peut d’ailleurs que cette fillette soit le premier-né des guerriers qui parcourront le monde d’après, l’avant-garde du haut-commandement qui décidera si oui ou non, l’humain mérite d’être sauvé des flammes de l’apocalypse terminal. Le potentiel des enfants du futur devrait ouvrir des abimes de terreurs, ils seront l’antisynthèse métapsychique de tous les manquements, de toutes les désertions de leurs parents, et, à ce titre, ils seront implacables.

Alors, aujourd’hui, pour les liseurs impassibles et aveugles des flashbang littéraires que Maurice G. Dantec lance dans le vortex du devenir, pour cette première ligne sclérosée, indigne d’ouvrir les hostilités nécessaires, tandis que plus rien ne peut encore les sauver de leur apathie coupable, tandis qu’il est de plus en plus délicat de trouver un unique lecteur susceptible de relever le défi d’une œuvre, d’une phrase, voir d’un mot, de Maurice G. Dantec, il devient impératif d’enterrer les livres, car, désormais, c’est là la seule urgence, le seul acte vital, si il est encore possible d’attendre le moindre acte conséquent de la part d’une tête de lecture, car désormais toute autre prétention est morte : parvenir à enfouir les livres ; anticiper les chantiers de fouilles archéologiques de demain, afin qu’un jour, sous le carbone, les enfants du futur découvrent un livre de Maurice G. Dantec, le lisent, se trouvent à la hauteur de la tâche qui les attend et, finalement, surpassent les ridicules tentatives des premiers lecteurs, qu’ils soient, dès lors, les véritables conquérants de la Parole, les véritables porteurs d’une littérature qui, depuis les cimes d’une pensée verticale, tenta d’implanter les germes dévastateurs d’une contamination générale du monde, par la transcendance faite homme, dans les consciences d’une inqualifiable génération de lâches.

Publié par : Jean-Baptiste | mars 20, 2009

Dantec in Neurovortex.

maurice_dantec

Aujourd’hui, pour un certain nombre des plus tarés d’entre nous, Maurice G. Dantec fait définitivement parti du schéma ; comme le recueil de toutes nos sombres utopies gâchées se maintenant à la surface du déluge électronique final, par la seule force du Verbe ; il est clair que Maurice G. Dantec a sa place d’honneur parmi les séparateurs de membranes, quelque part, au cœur des combats furieux que nous menons contre la tumeur protéiforme du néant égotique, dans l’arène blafarde de toutes nos ruines.

Rengaine des asticots : « Nous aimons la super-méga-réalité de nos déjections. Gloire à l’intestin de la république. » (Move your body !)

La schizosphère syncrétique étend ses ramifications partout, pénétrant nos chairs comme l’éclair d’acier envahira l’existence blanche des enfants de demain. Nous sommes tous reliés, câblés, mis en réseaux par les cordons ombilicaux vampiriques du nombril-matrice. -Explosés en plein vol au dessus des citadelles vertigineuses de l’Empire Dickien.- Il y a un plan dans nos chairs, les ligaments froids et visqueux de la machine s’insèrent en nos noires viscères de combustibles garantis 100 % descendants d’Auschwitz. Progéniture de désirs mécaniques, le cerveau totalement pénétré d’agiles virtualités, imbibé des rêves morveux de la branlette industrielle ultime.

Dans les tourments de la Grande Machination, il nous fallait un homme, un seul, un débranché, complètement halluciné, perché au-delà de nos petites existences démontables d’androïdes surdopés aux neuroleptiques bien vicelards, agents actifs des Ultra-Réalités de l’agence du bien-être, simulacre biopolitique des masses. Maurice G. Dantec, chirurgien expérimental survolté, implantant de dangereuses mutations cramées dans nos tripes impeccables de porcs apathiques gavés aux excréments bio de la pensée en kit. Il nous fallait cet homme pour représenter le fantasme aggravé des bombes humaines adolescentes déclenchant la vengeance des défaillants dans l’éclatante noirceur de nos bonheurs dégueulasses. Oui, il nous fallait bien un homme, un cyborg, l’hybridation terminale de toutes les apocalypses du siècle des vortex du nihilisme intégral.

Nous étions déjà bien atteints, Maurice est venu achever le travail.

Maurice G. Dantec est un virus multi plates-formes. Mais un virus qui vient profaner nos synthétiques guérisons de la léthargie d’une Europe avortée, d’une France névrosée se branlant dans les glaires pourrissantes de ses actes manqués. No Future. Demain sera pire ou ne sera pas. Mais le futur est déjà là. La dernière guerre a commencé, guerre propre, grand nettoyage de nos encéphales gorgés de visions spontanées du Monde d’Après, projetées dans le sillage délirant des techno-mystiques, rencontrant les rivages salés de la foi des anciens.

Dantec en première ligne, j’aligne le mortier.

Désormais, dans les laboratoires secrets de nos existences artificielles, nous pratiquons de dangereuses expérimentations interdites. Ouvrir les pages du livre, technologie perdue des clercs. S’injecter une dose, massive. Décoller pour mieux se laisser brûler par la vérité. Contempler la fin depuis le ciel de la littérature. Devenir pures sensations, déconnectées de l’écran dévorant du soin palliatif intégral. Être atteint au cœur du mental, se laisser transgresser par la folie clairvoyante d’un écrivain foudroyé. Pour une fois, une seule, un instant, être un homme… Enfin !

Désormais nous sommes les sniper solitaires des temps terminaux, errants à la recherche d’une cible potentielle. Nous sommes les agents infiltrés dans le secteur schizophrénique du camp des aliénés. Nos rêves sont le cauchemar du monde. Machines désirantes, fouillant froidement les abîmes dans nos entrailles productrices des cendres de nos existences dépossédées. Nous sommes les membres en devenir du Fight Club du jugement dernier, et nous menons la guerre totale qu’implique le monde dans notre lutte envers nous-mêmes, nos anonymes désertions de produits exclus de la chaîne alimentaire de la Méga-Machine.

Maurice G. Dantec, comme une comète métaphysique parcourant la viande vide de nos pauvres corps d’enfants-machines. La science-fiction nous a rejoint, intégralement, car elle est la mémoire du futur, gravée sur l’épiderme des allumés du monde-propre-pour-tous. Du moment que tous se maintiennent en bonne santé, productibles, duplicables, remplaçables, parfaits clones du monde totalitaire des be yourself et autre masturbateurs d’ego-jus fermentés. Maurice G. Dantec nous redonne l’espérance, l’Armageddon aura bien lieu. Mais Maurice G. Dantec n’existe pas, il est mort en Ex-Yougoslavie, c’est pour cela qu’il nous parle. Nécromancien-punk exilé, il réveille les déjà-morts de la France agonisante. Ne les entendez vous pas venir ? Ils se tiennent au milieu de vous, prêts à intervenir, munis de leurs petites bombes d’Ubik.

Mais que pensiez-vous donc, brainwashed ?

Ne saviez-vous pas que les poissons ne portent pas de mitraillettes ?

Publié par : Jean-Baptiste | février 25, 2009

Retour vers SIVA.

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Nous pourrions évoquer Philip K. Dick sans pour autant accorder nos instruments sur la vibration paradoxale d’une certaine vérité, cette folie aux yeux du siècle présent ; cela ne sera pas fait, et il faudra bien plus que ces quelques relents d’abysses insondables pour que nos perceptions s’illuminent.

Selon la logique évolutive des plans d’existence que nous parcourons sous la lune vide de la nuit de la machine, sur l’échiquier où le contre-joueur maintient l’illusion de sa victoire prochaine, nous savons désormais qu’un futur est encore possible, nous savons qu’un monde meilleur perdure par delà la viande des étals publicitaires, derrière les reflets d’aciers de nos misérables tombeaux synthétiques. Il est clair que la faille est un projet imaginaire, lumineux et réaliste, comme chacun des sentiments que l’imagination d’un auteur de science-fiction élabore, cette alchimie se réalise ailleurs, dans la dimension où Philip K. Dick séjourne, en compagnie de quelques autres.

Elle viendra à ceux qui la réclament de tout leur cœur.

Rejoindre cette verticalité parallèle devrait faire appelle à tout notre courage, l’hédonisme n’est nécessaire que dans la mesure où nous désirons demeurer là, dans ce vestige d’une illusion déjà dépassée par les tactiques métaphysiques que l’Empire interdimensionnel déploie. Quitter l’univers du simulacre n’est pas un rêve, la paranoïa de Philip K. Dick est de celle qui a révélé bien des réalités ; elles se maintenaient cachées sous les abîmes de la vérité.

Lorsque nous étions fous, parcourant les ponts tendus entre les décennies décadentes qui nous ont amené là, nous pensions qu’une certaine durée serait nécessaire à la corrélation des systèmes dynamiques d’analyse du Logos. Mais nous savons à présent qu’il n’y a de systémique que la manière dont le mensonge est programmé par nous, enfants de la Babylon Métaphysique, perdus dans le flot intarissable des artifices qui se créent à la convergence de nos désespoirs.

Il ne suffira donc pas d’un geste pour poser l’acte d’une libération véritable, la parole en chair, objet vivant de nos déréalisations, nous pensions tout juste être libéré de l’Empire, lorsque nous subissions de nouveaux ses assauts inattendus, tous plus complexes les uns que les autres. Les saveurs du combat étaient d’une obscurité infâme, nous nous battions à la baïonnette, contre des fantômes plus fins que les fils de cuivre d’un moteur à ossature rotative.

Philip K. Dick le mécanicien, nous ne serons toujours que des androïdes entre ses mains expertes, ses doigts courant sur le clavier de la machine à écrire, son esprit triturant de force les cerveaux analogiques de nos délires de morts-vivants. L’écrivain expérimente d’impensables dispositifs de décrochage, accomplit une destinée ajournée par les agents de la Dictature du Réel, sur l’écran d’une littérature hors contrôle. Il y a un avant SIVA, il n’y aura pas d’après, car le temps, dès l’instant où la membrane se déchire, n’est plus que l’attente d’un contact, l’histoire individuelle se fige à la porte d’un monde qui se refuse à lui, elle devra se nourrir encore de quelques fissures, avant d’envisager le grand départ pour cet autre présent que Philip K. Dick appelle de ses vœux les plus chers.

Nous comprendrons alors qu’il n’était pas question de drogue, de sommeil ou de pathologie, pour entrevoir la vérité, il suffisait d’un peu d’amour, de beaucoup de cran et d’un soupçon de grâce. Notre étonnement n’en sera que plus vaillant, à l’heure où les élus seront rappelés auprès de ces entités qui rêvent d’une réunification encore possible, derrière la machine-livre à voyager au travers ces temporalités dont l’écrivain fait le don à ceux qui savent connaître, à ceux qui sont prêt à briser le miroir, derrière ce songe tout à fait vrai, il y avait bien un Dieu, et il était juste.

Le réel, si il en est, s’en trouve renforcé d’une vigueur toute neuve, notre commerce avec les astres commence à peine à s’établir, il nous faudra encore de bien noires visions pour rencontrer le Grand Programmateur. Il ne s’agira donc pas d’émettre quantités de vaines prières à ces cieux insolents qui nous murmurent des formes de vie que nous n’osions pas commettre, à l’époque des Braconniers du Cosmos, notre cerveau d’alors, nos âmes d’enfants, étaient déjà beaucoup plus agiles. Nous comprendrons ainsi que ces déchets que les éboueurs cosmiques s’acharnaient à collecter, comme les trophées royaux d’une lutte à mort avec l’entropie, n’étaient que les traces d’une trajectoire infinie, celle que Philip K. Dick a suivit, à partir du 18 février 1982.

Philip K. Dick n’est pas mort, il est seulement autre, dans cette forme de présence venue d’ailleurs, son témoignage, un héritage qui dépasse les seules limites de la littérature, simplement une victoire de la raison sur les superstitions ravageuses du temps moderne, la dernière ouverture avant que le ciel ne se ferment définitivement sur notre monde et que ce dernier s’effondre sur lui-même, enfin.

Que personne ne laisse l’interstice des dimensions se refermer devant ses yeux ouverts sans envoyer une lettre d’amour à Phil.

Publié par : thebabylonbabies | février 23, 2009

Avis aux Canadiens

« Il n’y a que les petits snobs pseudo-rebelles qui sont incapables de
saisir le lien essentiel tendu entre toutes les formes de musique
électrique. » Maurice G. Dantec pour le magazine Elegy.

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Publié par : Jean-Baptiste | février 23, 2009

Périphériques

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Périphériques, c’est une manière de tracer les contours du territoire pour se préparer à son enivrante exploration, une sorte de reconnaissance approfondie de la zone de turbulences, avant d’entreprendre le grand voyage d’un roman de Maurice G. Dantec, ou bien les tribulations virales du processus dévorant de l’un des trois tomes du Théâtre des Opérations. Paru en 2003, interface radiale à directions multiples, Périphériques comporte quatre nouvelles, sept articles, une conférence, un discours et un entretien essentiel dans lequel Maurice G. Dantec se révèle d’une intensité clairvoyante à l’oral. Signalons encore que trois nouvelles tirées de Périphériques sont compilées dans un second recueil : Dieu porte-t-il des lunettes noires ? datant de la même période.

Quatorze textes décentralisés, c’est-à-dire quatorze projectiles de toutes les munitions disponibles dans l’arsenal. Attentats politiques, traumatismes littéraires, Millenium Machines, THX Baby, Mille ans à inventer, Quand clignote la mort électrique, Ecrire nous rend de plus en plus cinglés, biopolitique ascendante d’un art engagé à la perforeuse littéraire au fond de nos hémisphères électroniques, post-humanité en déroute face à ces derniers espaces où la liberté a décidé de ne plus subir. Maurice G. Dantec, en mission derrière l’écran cathodique de nos décervelages organisés, messager indépendant dissimulé sous les verres-miroirs de l’insondable, visions en reflets fugitifs de l’abîme où séjourne la brûlante clarté du Verbe.

Parallèlement au front du combat, la rocade Périphériques sera également la seule façon aujourd’hui d’encoder ou de décoder la moelle cyberpunk sur le maillage de fibres cellulosiques. Nouvelle publiée en 1995 dans Le Monde à l’occasion des 50 ans de la Série Noire, Là où tombent les anges n’était déchiffrable jusqu’à ce jour qu’à travers le câblage silicium du Net. Une façon aussi de retrouver l’expérience d’une narration tangible, alors qu’à l’origine, certains des articles de Périphériques trouvèrent spontanément leur place sur le réseau, cette autre zone de guerre où l’écrivain fut engagé dès les premières heures.

Alors que le noyau dur de l’œuvre de Maurice G. Dantec est composé de milliers de pages, comme autant de tracts antitoxines lâchés aux milieux de la septicémie générale dans laquelle nous évoluons quotidiennement, Périphériques donnera ainsi l’occasion au lecteur d’encaisser quelques frappes chirurgicales dans le cortex, textes courts, tirs de précisions, coups à bout portant, chapitres incandescents d’une lutte à mort avec le monde de la dévolution programmée, l’auteur déploie ici le panel de ses concisions denses et pénétrantes.

Pourtant, malgré la variation des formes exposées, toute l’œuvre passée, présente et à venir de Maurice G. Dantec est déjà là, dans l’unité protéiforme signifiante que prolonge cette volonté incontrôlable de relever la Parole, dans cette constante nécessité de dépasser la médiocrité proliférante de la post-modernité, l’écrivain s’efface devant l’ambition de ses combats, pour que la Vérité parasite la chair, pour que chacun de ses lecteurs s’éveille à la conscience. Prévoyez quelques secousses à l’atterrissage… avant de réclamer la prochaine dose.

Publié par : thebabylonbabies | février 19, 2009

Grande Jonction chez Random House

Grande Jonction sortira le 29 septembre 2009 chez Random House.

“[Dantec] deserves a wider audience . . . Like Houellebecq, Dantec takes inspiration from both high and low culture; he is the sort of writer who cites Sun Tzu’s Art of War and the Stooges’ ‘Search and Destroy’ with equal facility.”
—The New York Times

“This is where the future of SF/F is going. This in my hands, right here, right now. If it never got any better than this, it would be all right.”
—January magazine, on Cosmos Incorporated

Publié par : thebabylonbabies | février 18, 2009

About

Nous ne serons toujours qu’une poignée d’individualités solitaires, dispersées dans le camp, les Babylon Babies, comme autant de singularités convergentes dans l’axe d’un même processus littéraire, multiples paradigmes d’une dynamique qui se réactualise sans cesse, une vibration secrète qui traverse le dialogue de nos chairs tendues vers le mystère.
Les réalités cybernétiques où nous évoluons le jour ne forment que la surface imprimée du seul livre qui s’écrit durant la nuit de cette civilisation sans astre, ce livre qui narre constamment la chute du monde, et sa projection verticale vers ces espaces inconnus où demeure le dernier territoire des hommes libres.
Vous comprendrez que nous sommes bien plus que la somme de nos avenirs, nous sommes les cellules de l’organisme vivant qui naît de nos contaminations mutuelles, un corps en quête de son destin, en constante évolution, vers une vérité que nous ne demandons qu’à découvrir. Car ce qui nous unit, derrière le masque des illusions que nous offrons en pâture aux androïdes, c’est le sentiment d’une urgence primordiale, relever le Verbe de la tombe où l’âge des nihilismes a décidé de l’enfouir définitivement, ou bien disparaître à tout jamais dans la face cachée de la post-histoire.

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